Pompe de la rue Sainte-Anne
Cylindre de métal, avec au premier tier de sa hauteur le bec verseur. Une grande poignée à levier descend le long de son côté. Elle est posée sur une dalle qui recouvre le puit de 9 m de profondeur.
Sur un trottoir large, devant une série de maison au carrefour de deux rues
Aujourd’hui, un lierre s’est développé depuis la base enveloppant la pompe et son bac à eau.
1849 fut l’année qui vit la naissance des pompes aspirantes. Rapidement, elles eurent un succès retentissant et la fabrication se fit partout dans le pays, l’expansion du produit suivant celle du chemin de fer naissant.
Le n° 2 de la rue Sainte Anne à Rèves vit les occupants de la maison s’équiper rapidement de ce coûteux mais précieux outil, bien qu’il fallut le protéger du gel par de la paille dès les rigueurs de l’hiver arrivées (plusieurs de ses sœurs existent aujourd’hui encore : ruelle du Coucou, rue Wattimez-Haut (face au manège Loiseau), …).
La population des habitations voisines de cet engin révolutionnaire pour l’époque se virent naturellement octroyer le droit de se servir de l’élégante noire, et le lieu devint site d’échanges, de rencontres, un instrument socialisant.
28 octobre 1946. Le Conseil Communal adopte un avant-projet de distribution d’eau ; celui-ci est confié à Monsieur Fr. Bouquiaux, ingénieur.
10 mai 1947. Le Conseil Communal acte l’existence de nombreux puits sur le territoire de l’entité ; l’eau paraît potable, sans plus de certitude (la pollution des nappes phréatiques n’existait probablement pas, sinon dans une mesure infime, mais probablement fallait-il encore et toujours prendre des précautions notamment lors de fortes chaleurs estivales ou alors, l’accoutumance gastrique de nos anciens était-elle un apprentissage postnatal ?…).
Ce même jour, le projet de distribution d’eau est accepté pour un coût de 6.356.000 francs (de l’époque), le progrès est en marche…
Le 15 janvier 1949, les travaux sont terminés et le prix de l’eau est fixé entre de 330 à 550 francspour 30 m³ + de 6 à 10 francs par m³ supplémentaire.
16 décembre 1998.
Un fascicule émanant du Petit Patrimoine Populaire Wallon attire notre attention ; à l’initiative de Monsieur Collignon, Ministre-Président du gouvernement wallon, nous prenons note d’une possibilité de rénovation de divers éléments du patrimoine moyennant diverses conditions d’octroi.
Nous décidons de tenter notre chance, notre attention s’étant focalisée sur une pompe existant encore en site propre à Rèves, rue Saint Anne.
Le 1er février 1999, nous parviennent les premiers documents que nous complétons grâce à Monsieur Ernest Hoebeke et envoyons à Gembloux… nous croisons les doigts et, afin d’affiner notre démarche, contactons Monsieur Albert De Buck, originaire de Trazegnies, qui de par son métier serait notre maître d’œuvre.
Dès le 26 mai de cette même année nous est donné un avis favorable, qui ne sera cependant officialisé qu’après acceptation de l’Inspection des Finances.
Le 28 juillet verra notre projet accepté par avis favorable de la Commission chargée de l’exécuter… une demande nous est faite, celle de détailler les processus d’exécution technique, y compris la dénomination exacte et la teinte précise de l’enduit qui protégera la pompe !
Au 31 août, tout est réglé dans le moindre détail, mais ce n’est que le 7 septembre que le dossier s’avère définitivement bouclé, à notre grande satisfaction… Un an nous est donné pour mettre le projet à exécution et en finalisation ; après tant de mois, nous sommes proches d’un accouchement mais, plutôt que de perdre les eaux, nous sommes bien près de les retrouver.
2 juin 2000 : les travaux sont pratiquement terminés et nous envoyons les photos relatives à leur réalisation afin de clôturer administrativement le dossier.
6 septembre 2000 : le dossier est terminé, reste à trouver un bac à eau identique à celui existant à l’origine. C’est madame Claire Grégoire qui nous sauvera car, après maintes recherches et tentatives, notre quête d’achat s’avéra impossible à réaliser.
Les 21 et 22 octobre 2000 : la pompe est officiellement inaugurée, devant un public nombreux et chaleureux en présence des journalistes de Télé Sambre et de La Nouvelle Gazette.
(extrait de l'article paru dans le numéro 54 du Journal de Resves de RODAVA, texte de Michel Degueldre)
Discours prononcé par Michel Degueldre lors de l’inauguration le 21 octobre 2000
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Il fut un temps où l’eau qui nous est si précieuse ne coulait ni froide ni chaude d'un robinet qu’il suffisait de tourner.
Des puits étaient alors creusés et les gens s’y ravitaillaient à la force de leurs bras.
Un progrès apparut avec l’adoption des pompes malheureusement coûteuses… celle-ci fut installée il y a environ 150 ans par le propriétaire de la maison qui utilisa pour cela l’ancien puits, profond d’environ 9 m, réalisé en gros moellons tout comme les caves du bâtiment.
Les habitants des demeures environnantes s’y ravitaillaient également, même l’hiver, saison durant laquelle l’engin était entouré de paille pour éviter autant qu’il se pouvait les effets du gel.
Dans les années qui suivirent la seconde guerre mondiale, l’adduction d’eau rendit notre héroïne désuète ; elle s’endormit vers les années 1970.
La voici à nouveau en état de fonctionnement, vestige d’une époque villageoise révolue mais aussi bijou du Patrimoine de Les Bons Villers et rèvois en particulier.
RODAVA et son président Monsieur Emile Baudoux remercient tout particulièrement le Petit Patrimoine Populaire Wallon qui nous octroya un subside, la famille Hoebeke, Monsieur De Buck, prince charmant qui la réveilla, la rénova et la remis en état de fonctionnement, Madame Claire Grégoire qui nous a procuré un bac à eau similaire à l’original, tous les bénévoles nous ayant fourni un précieux coup de main, l’Administration Communale qui nous soutient notamment par le déplacement d’un panneau directionnel et de laquelle nous espérons qu’un jour elle puisse éclairer les éléments majeurs du patrimoine communal dont, ici à Rèves, la tour féodale du Collège et cette pompe.
Puisse tout un chacun respecter cet endroit…
que l’eau coule à nouveau !
(extrait de l'article paru dans le numéro 54 du Journal de Resves de RODAVA, texte de Michel Degueldre)